
Crédit : Luz Adriana Villa A. – http://www.flickr.com/photos/luchilu/677786684/
A Paris, un motard goûte à l’ivresse de la vitesse, se remémorant un rêve, qui revient par bribes, se précisant sans cesse, les détails allant jusqu’aux sensations, la peur du sacrifice sur l’autel Aztèque, le goût de la sueur, la lumière et la chaleur des torches.
Et la réalité et le rêve, si parfaitement alignés, indissociables, si ce n’est par la raison, car il est bien à Paris. Est- ce le souvenir de sa vie antérieure?
Un chef- d’œuvre de Cortazar, qui m’a amené à explorer ses recueils de cauchemars, tapis sur le papier.
Alors en classe de troisième, mon professeur de français nous avait lu une nouvelle, dans le même ton que « Le livre de sable » de Borgès.
Fin narrateur, je m’étais aisément plongé dans cette nouvelle. L’ambiance du rêve, en milieu tropical, avait tout pour rappeler mon quotidien, en Guyane. Et persistait l’idée qu’il n’était pas simple, en plein rêve, de savoir que l’on rêvait. Car si même les sensations étaient trompeuses, à quoi se raccrocher pour définir la réalité, et borner le territoire de l’imaginaire?
Vie parisienne
En direction de son rendez- vous, le héros percute, à moto, une piétonne.
« Vous l’avez à peine touchée, mais le choc a projeté la moto de côté … »
L’ambulance l’amène à l’hôpital où on l’anesthésie, avant de l’emmener en salle d’opération.
« L’homme en blanc s’approcha de lui de nouveau, en souriant il tenait à la main quelque chose qui brillait. »
Rêve Amazonien, antique
Dans son rêve, il est un Motèque, poursuivi par les Aztèques. Conscient qu’il rêve, il est indisposé par les odeurs qui rendent ce rêve si réel.
« Les choses étaient […] réelles et douces, et, aussi légèrement répugnantes, un peu comme un film ennuyeux mais où l’on reste parce que dans la rue c’est encore pire. »
La réalité, et la fiction
Réveillé, ce n’est que pour sombrer de nouveau dans le cauchemar de cette chasse à l’homme, où les Motèques se font capturer, de futurs sacrifices…
« Il essaya de se rappeler le moment de l’accident et il dut s’avouer avec rage qu’il y avait là comme un trou, un vide qu’il n’arriverait pas à combler. »
Depuis l’accident, il semble happé par l’univers du rêve, si réel, avec ses odeurs, sensations de peur et de température si authentiques.
« Il entendit au loin le bruit des tambours de la fête qui semblait s’infiltrer entre les pierres du cachot. »
« Il vit s’ouvrir la porte à double battant et l’odeur des torches lui parvint avant leur clarté. Ceints du pagne rituel, les acolytes du prêtre s’approchèrent de lui en le regardant avec mépris. »
« On l’emmenait maintenant, on l’emmenait, c’était la fin. »
Capturé pour être sacrifié, il est amené dans une pièce où, face contre ciel, il attend dans la nuit son sacrifice.
Alors il revient à lui, dans l’hôpital, mais son retpour n’est que bref, et il bascule dans le songe une dernière fois.
Alors l’histoire bascule. Le songe, plus sensuel, plus porteur de réalité sensorielle, se révèle être sa réalité.
Mon avis
L’importance de cette nouvelle réside dans l’inversion en chemin de la réalité et du songe. Le monde actuel, de Paris, se révèle flou, la chronologie comporte des zones d’ombre, et tout s’apparente à un récit de roman.
Le rêve, par opposition est riche en tant que catalyseur d’émotions : la peur, les odeurs, la lumière, la température, la pression.
Ping : Articles à venir… | Du thé sur le canapé
Ping : Les armes secrètes, de Julio CORTAZAR | Du thé sur le canapé
Ping : Julio CORTAZAR : rites (Nouvelles, histoires et autres contes) | Du thé sur le canapé
Ping : L’île à midi (Julio Cortazar, recueil “Tous les feux le feu”) | Du thé sur le canapé
Ping : Fin d’un jeu, de Julio Cortazar | Du thé sur le canapé
Ping : Cronopes et Fameux, de Julio Cortazar (partie 2) | Du thé sur le canapé
Et Djoumâne de Mérimée?
Je ne connais pas cette nouvelle. Il y a un parallèle à faire avec « La nuit face au ciel » ?
Bonjour pouvais vous m’aider :
Quelle est la situation initiale ?
Montrez que le cadre spatio-temporel est étrange et imprécis ?
En quoi cette nouvelle appartient au genre fantastique ?
Étudiez la composition de la nouvelle ? Décrivez succinctement des deux mondes ? Comment s’effectuent les transitions ?
Quels sont les points communs enrez les 2 mondes ?
L’atmosphère créée dans la nouvelle est elle inquiétante ? Justifie !
Montrez que la situation final du récit peut recevoir plusieurs interprétations ?
Bonsoir Elisa,
Avez- vous lu la nouvelle? Mon article la commente, et vous pouvez vous en inspirer pour répondre aux questions. Cela dit, je ne vais pas faire votre dissertation pour vous, hein.
pour moi, cette nouvelle est une experience que j’ai vecu apres un anevrisme cerebral. Pendant le coma qui a suivi, j’ai vecu ce type de reve, qui n’en est pas vraiment un, puisque vous n’etes pas capable de distinguer entre le reve et la realite. En relisant cette nouvelle, j’ai revecu cette experience, et j’en deduis que Cortazar a ou connu ou compris ce qu’etait cette situation. Comprenez quelle valeur elle a pour moi.
Merci pour ce témoignage. Je n’avais pas pensé que cette nouvelle puisse être issue du vécu de l’auteur.